LE NÉRÉ : Un trésor de la nature!
Originaire d’Afrique de l’Ouest, le néré (Parkia biglobosa), également connu sous les noms d’arbre à « fèves de néré » ou « arbre à soumbala », est un arbre de la famille des Mimosaceae. Il est un symbole emblématique de la biodiversité africaine. Cet arbre majestueux, résistant aux conditions climatiques difficiles, constitue une ressource précieuse pour de nombreuses communautés rurales, tant pour ses propriétés nutritionnelles que pour ses multiples usages thérapeutiques et écologiques.
Le néré pousse dans des environnements variés, allant des forêts tropicales aux zones arides. Il s’adapte à différents types de sols, notamment les sols limoneux et latéritiques. Sa culture commence par le semis des graines dans des pépinières. Les graines sont placées dans des pots, avec deux graines par pot, à une profondeur de 2 cm. Un arrosage régulier, un désherbage et un binage toutes les deux semaines sont nécessaires pour favoriser la croissance des plantules. La germination commence dès le 9e jour, avec un taux de réussite de 90 %. Après 3 à 5 mois, les plantules mesurent entre 20 et 24 cm et sont prêtes pour la transplantation.
Bienfaits et valeurs nutritionnelles
Le néré est souvent décrit comme une plante aux mille vertus. Ses graines, riches en matières grasses, sont utilisées pour fabriquer un fromage végétal qui assaisonne les sauces, notamment le soumbara en Côte d’Ivoire, le dawdawa au Tchad et par endroit au Bénin mais surtout le afinti au sud et le sonrou au nord. Ce fromage, au goût savoureux, constitue un ingrédient essentiel dans de nombreux plats traditionnels, apportant une saveur unique et une texture crémeuse. De plus, les feuilles du néré sont parfois utilisées pour envelopper certains aliments, ajoutant ainsi une touche aromatique. Riche en protides, lipides, glucides, iode et plusieurs vitamines, le néré constitue une source importante d’alimentation et de nutrition de qualité. La farine obtenue à partir de sa pulpe est très riche en saccharose avec 85% de glucide et est recommandée par les médecins aux enfants et adolescents souffrant de malnutrition.
Les propriétés médicinales du néré sont également reconnues. Il est utilisé pour traiter des affections variées : antinévralgiques, diurétiques, fébrifuges, toniques et antiseptiques. Des études montrent que la consommation régulière de néré peut prévenir l’hypertension et lutter contre certaines formes d’anémie.
Usages traditionnels et culturels
Le néré est également un remède traditionnel dans plusieurs cultures. Au Tchad, par exemple, ses rameaux sont utilisés pour traiter les morsures de serpent, et au Sénégal, les feuilles et l’écorce sont employées pour traiter les maladies buccales. De plus, son bois est utilisé dans la construction et pour le chauffage, tandis que sa pulpe et ses graines constituent des sources de revenus pour de nombreuses populations.
Considéré comme sacré par plusieurs communautés, le néré est souvent associé à des rites de passage, notamment chez les Gabris du Tchad, où des cérémonies se déroulent sous son ombre protectrice.
Rôle écologique
Ecologiquement, le néré enrichit le sol grâce à ses feuilles et racines qui agissent comme engrais naturels. Son feuillage dense offre également de l’ombre aux cultures et protège le sol de l’érosion, ce qui est crucial dans les zones sèches.
Valorisation durable
La valorisation du néré pourrait constituer une alternative économique durable pour les communautés africaines. En soutenant la production et la transformation de ses produits dérivés, les petits producteurs pourraient bénéficier de nouveaux débouchés commerciaux, tout en préservant cette ressource endémique. Le néré est donc bien plus qu’un simple arbre ; il représente un trésor de la nature aux multiples bienfaits pour l’humanité, tant sur le plan nutritionnel que culinaire.
Nadjahatou BAGUIRI