EDITO: La flambée des prix malgré les récoltes
En plein cœur des récoltes, un paradoxe lamentable s’abat sur les populations béninoises : au lieu d’une baisse habituelle des prix des denrées alimentaires, c’est une flambée inédite qui s’observe sur les marchés. A en croire le journal La Flamme dans sa parution du 20 septembre dernier, de Lokossa à Klouékanmè, de Togba à Natitingou, la hausse vertigineuse des prix des produits vivriers plonge les familles dans la misère, aggravant une situation déjà critique. Ce constat, issu des enquêtes menées par ce journal, montre la triste réalité d’un pays où même après les récoltes, la faim persiste.
En effet, selon cette enquête, au sud, dans le Mono et le Couffo, là où le maïs, le haricot, et le gari devraient normalement être plus accessibles, les prix ont atteint des niveaux insoutenables. À Lokossa, le sac de maïs de 100 kilos qui se vendait à 19 000 Fcfa serait désormais à 37 000 Fcfa. Dans le Couffo, le maïs serait vendu à 10 000 Fcfa la bassine, soit une augmentation de plus de 11 % en à peine un mois. Et les autres produits de base seraient aussi touchés : haricot, huile d’arachide, riz ou tomates. Les prix flambent, tandis que les revenus des populations stagnent. En ce qui concerne le nord, la situation est tout aussi alarmante. À Natitingou, dans l’Atacora, le sac de maïs atteindrait également les 32 000 Fcfa, et les tubercules d’igname, autrefois abordables, coûteraient jusqu’à 5 000 Fcfa pour un simple tas de trois unités. Dans l’Alibori, les prix du mil et du riz auraient doublé également en l’espace d’un an.
Face à ce tableau intriguant, il est temps pour les autorités béninoises de prendre la pleine mesure de cette situation dramatique. Des politiques d’urgence doivent être mises en place pour inverser cette tendance. Il faut une régulation immédiate des prix des denrées alimentaires, le soutien des agriculteurs pour booster la production locale. Sans action rapide et décisive, la faim risque de devenir une réalité quotidienne pour une majorité de la population. Le gouvernement ne peut donc rester passif face à ce désastre. Il en va de la survie même du peuple. Les populations du Bénin, des zones rurales aux centres urbains, sont dans la détresse. L’heure n’est plus au saupoudrage ni aux discours, mais à l’action.
Malik SOULEMANE